Matthieu Androdias a annoncé vendredi 12 décembre la fin de sa carrière sportive. Une page majeure de l’aviron français se tourne, celle d’un rameur dont la trajectoire, la longévité et l’exigence ont marqué durablement le haut niveau international. Plus qu’un palmarès, c’est une œuvre sportive complète qui mérite aujourd’hui d’être mise en lumière.
Matthieu a débuté l’aviron relativement tard, à l’âge de 15 ans, au Club Nautique Foyen. Une pratique alors conseillée pour soigner des problèmes de dos, sans imaginer qu’elle deviendrait le socle d’une carrière d’exception. Au fil de sa progression, il est successivement licencié à l’Aviron Toulousain, l’Aviron Bayonnais, puis au Cercle de l’Aviron de Lyon. Il cumule aujourd’hui 12 titres de champion de France ! Ces expériences dans différents clubs majeurs de l’aviron français ont jalonné chacune des étapes de sa construction sportive, du jeune rameur prometteur à l’athlète international confirmé.
Très vite, ses performances en club le propulsent en équipe de France, et il se retrouve dans le quatre de couple lors de sa première Olympiade à Londres en 2012 aux côtés d’Adrien Hardy, Pierre-Jean Peltier et Benjamin Chabanet. Une 10ᵉ place qui laisse un goût amer à Matthieu.
C’est dans le deux de couple que Matthieu Androdias va pleinement entrer dans l’histoire de l’aviron français. L’association avec Hugo Boucheron en 2015 marque un tournant décisif. Ensemble, ils construisent un bateau d’une régularité exceptionnelle, capable de performer année après année sur les bassins internationaux. Leur relation sportive, faite de complémentarité, de confiance et d’exigence mutuelle, devient une référence.
Hugo Boucheron raconte : « Matthieu m’a donné sa confiance, il m’a partagé son rêve et m’a confié la responsabilité de l’aider à le réaliser. C’est l’une des premières personnes à avoir été aussi sincère et sans jugement avec moi, malgré nos différences. Il a toujours cru en moi plus que moi-même, et m’a appris la valeur du travail et de la répétition. Aux côtés de Matthieu et d’Alex pendant toutes ces années, j’ai eu cette chance unique de relever tous les défis qui me faisaient vibrer et de comprendre que tout était possible. »
Son ancien entraîneur en équipe de France, Alexis Besançon, qui l’a accompagné de 2017 à 2024, garde le souvenir d’un athlète hors norme : « J’ai eu le plaisir d’entraîner Matthieu de 2017 à 2024. Le moins que je puisse dire, c’est que j’ai connu durant cette période un athlète impliqué, appliqué, qui n’avait pas peur du compliqué, tant dans les défis à se fixer que dans les problèmes à résoudre pour performer. Il n’a d’ailleurs jamais été aussi performant que lorsqu’il mettait de côté la complexité superflue pour aller à l’essentiel, techniquement, physiquement et mentalement. Sa générosité dans l’effort et dans la vie, son souci de l’exemplarité et son aversion pour l’injustice ont été des moteurs indéniables pour parvenir au sommet mondial et olympique. »
Rio 2016 leur permet d’acquérir une expérience précieuse et de s’installer durablement parmi les cadres de l’équipe de France, avec une 6ᵉ place en finale A qui, malgré l’amertume, confirme leur potentiel. La troisième Olympiade, à Tokyo 2020, marque le sommet : toujours associé à Hugo Boucheron, il remporte la médaille d’or en deux de couple, une finale gravée dans les mémoires de tous les amoureux de ce sport.
Enfin, à la maison aux Jeux Olympiques de Paris 2024, le duo termine à la 8ᵉ place, concluant une carrière de quatre Olympiades, une longévité rare dans cette discipline exigeante. Son palmarès international est impressionnant : champion d’Europe en 2018 à Glasgow et en 2021 à Varèse, champion du monde en 2018 à Plovdiv et en 2022 à Racice, ainsi qu’une médaille d’argent aux championnats d’Europe 2015 à Poznań, toujours aux côtés de Hugo Boucheron. D’autres performances, comme la médaille d’argent en skiff à la Coupe du monde 2022, montrent également sa polyvalence et son talent.
Mais la carrière de Matthieu Androdias ne se résume pas seulement à ses titres. Elle est marquée par une capacité rare à durer, à se battre dans un sport ultra exigeant où chaque saison permet de remettre les compteurs à zéro. De la frustration de sa 10ᵉ place à Londres en 2012 ou de la 6ᵉ place en finale A à Rio en 2016, jusqu’à son titre olympique en 2021 à Tokyo, chaque étape raconte l’histoire d’un compétiteur qui n’a jamais cessé de se remettre en question pour progresser et atteindre ses objectifs.
Matthieu Androdias incarne parfaitement les valeurs de ce sport : une vision de l’aviron où le collectif prime, où le travail silencieux et constant porte ses fruits, et où l’humilité va de pair avec l’ambition. Respecté par ses pairs, ses entraîneurs et ses adversaires, il a été un modèle de régularité, de discipline et de savoir-être sur et en dehors de l’eau. Soutenu dans son projet par CNR comme son coéquipier Hugo Boucheron, la société a souhaité lui laisser un message “CNR est fière d’avoir soutenu Matthieu durant deux olympiades dans la quête de ses titres olympique et mondial avec Hugo. Lors de ses différentes interventions et séminaires, les collaborateurs CNR ont été conquis par sa capacité à mener un projet en conjuguant rigueur technique et gestion émotionnelle. En sport comme en entreprise, performer, c’est délivrer le jour J en optimisant les moyens dont on dispose. Merci Matthieu pour cette très belle expérience partenariale.”
En tirant sa révérence, il laisse derrière lui une trace profonde dans l’histoire de l’aviron français. Merci pour les travaux, merci pour ta passion, merci pour les émotions procurées !
L’ensemble de la Fédération Française d’Aviron et de la communauté aviron te remercie pour ton engagement, ton exemplarité et les souvenirs que tu laisses à toute une génération de rameurs.
Crédit photo : Eric Marie et Daniel Blin
































