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L'Europe à la rame : 2023 km, de Varsovie à Paris

Christophe Gruault a terminé le 18 juin dernier sa traversée de l'Europe à la rame. L’ambition de ce périple était notamment de susciter l’engagement des populations en faveur de la préservation des rivières et de l’eau douce.

Dimanche 18 juin à midi, le Français Christophe Gruault, 58 ans, a atteint le Port de l’Arsenal à Paris, bouclant un périple de 49 jours de rame en solitaire sur les cours d’eau d’Europe, en continu. Parti le 1er mai de Varsovie (Pologne), il a parcouru 2023 km et réalisé 86 prélèvements d’eau pour les scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), qui analyseront la qualité de l’eau et la biodiversité des 22 cours d’eau traversés. Cette expédition, conçue et réalisée avec l’appui de la Fondation Iris, a également une visée pédagogique. 350 élèves ont déjà été sensibilisés à la valeur de l’eau à l’occasion des 6 étapes organisées sur le parcours avec les écoles partenaires.

UNE EUROPE CONTRASTÉE
Dans quel état sont les rivières ? Les marais, les zones humides ? Les aménagements ont-ils pris le dessus sur les berges sauvages ? Ont-ils barré les migrations des poissons ? Quelles sont les pollutions ? Quel est le poids de l’agriculture, des villes, des industries ? Telles sont les questions qui ont guidé le projet l’Europe à la rame, conçu comme une expédition non intrusive, celle
d’un simple rameur qui glisse sans bruit au cœur de l’intimité des rivières. Avec pour objectif, de montrer que l’eau n’est pas seulement une ressource, mais
aussi un milieu de vie pour une foule d’êtres vivants. Au cours de son périple sur 22 cours d’eau différents, Christophe Gruault a été le spectateur privilégié des milieux aquatiques d’eau douce et a découvert une Europe contrastée. Il raconte : « En Pologne, j’ai débuté mon expédition dans des lieux très sauvages et préservés où la biodiversité était riche. Ensuite, l’Allemagne m’a offert deux visages. Sur la rivière Havel, j’ai navigué à travers une zone qui a fait l’objet d’un grand programme de renaturation ces dernières années et qui est désormais le refuge de nombreuses espèces. Malheureusement, plus à l’ouest, j’ai vu l’empreinte de l’Homme sur la nature. Là-bas, les berges sont bétonnées, les sites industriels nombreux et les péniches de fret de plusieurs milliers de tonnes très présentes. Puis, en Hollande, où je n’ai navigué que trois jours, j’ai également découvert des zones réensauvagées avec une gestion des cours d’eau par l’Homme bien différente de l’Allemagne. Enfin, la Belgique et la France m’ont offert un triste tableau. Sur nos cours d’eau, le plastique y est omniprésent ».

UNE EXPÉDITION AU SERVICE DES SCIENTIFIQUES DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE
Au-delà du caractère sportif et insolite du projet, l’expédition L’Europe à la rame a également une vocation scientifique. Christophe Gruault détaille : « Avec la Fondation Iris, nous avons lancé un appel à projet auprès des chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Mon expédition était en effet une magnifique occasion de faire l’état des lieux de la biodiversité de 22 cours d’eau différents, grâce à des prélèvements sur le terrain, dans une période de temps réduite et dans des configurations très diverses (sites naturels ou industriels, fréquentés ou pas, etc.) sur une grande partie de l’Europe. C’est ainsi que cinq programmes de recherche transdisciplinaires ont été définis avant mon départ. Pour l’étude des perturbateurs endocriniens et des microplastiques, ma tâche a été d’effectuer des prélèvements d’eau en amont et en aval des grandes villes. Après analyses par les équipes de Jean-Baptiste Fini, il sera ainsi possible de savoir si une ville pollue ou dépollue. Par ailleurs, j’ai également effectué des filtrations d’eau qui vont permettre de connaître la biodiversité d’un lieu via l’étude de l’ADN environnemental. Pour ce protocole, le scientifique Vincent Prié a sélectionné des zones de confluence, des zones de grande naturalité ou avec des obstacles artificiels. Les résultats de ces recherches seront mis en perspective avec l’évolution des pratiques culinaires associées aux ressources comestibles des milieux d’eau douce, étudiées par Christophe Lavelle. Enfin, j’ai également pris le temps d’observer la nature qui m’entourait et de réaliser des photographies géolocalisées de libellules. Ces insectes sont un marqueur de la santé des cours d’eau. Ces documents permettront au chercheur Romain Garrouste de déterminer les espèces présentes, d’évaluer la naturalité d’un site, de vérifier la maturité des espèces en fonction de la période de l’année, d’évaluer s’il y a des espèces invasives ou pas, etc. ».

Dimanche soir, en point d’orgue de l’expédition, Christophe Gruault a remis les prélèvements d’eau aux scientifiques du Muséum national d’Histoire naturelle. Il faudra plusieurs mois maintenant aux scientifiques pour analyser l’ensemble des échantillons et images rapportés.

SENSIBILISER LES PLUS JEUNES À LA NÉCESSITÉ DE PRÉSERVER LES COURS D’EAU DOUCE
Avec son expédition, Christophe Gruault est ainsi devenu un témoin privilégié de l’état de santé des cours d’eau d’Europe. Une expérience qu’il a pu directement partager avec 350 élèves des écoles partenaires en France et en Europe (établissements francophones relevant de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger), rencontrés à l’occasion de 6 étapes sur son parcours. Dès le début de l’année scolaire, un programme pédagogique autour du cycle de l’eau, de la biodiversité des milieux aquatiques et de l’impact des déchets a été initié par la Fondation Iris avec des ressources en ligne à destination des élèves et des professeurs, ainsi que l’organisation de 7 webinaires avec les chercheurs du Muséum et les photographes de l’expédition, Magnus Lundgren et Staffan Widstrand. À l’occasion des étapes, Florence Léchat-Tarery, responsable pédagogique de la Fondation Iris, aanimé une série d’ateliers autour de la consommation en eau, de la notion « d’empreinte eau », de la dégradation des déchets et de leur impact sur la nature et la santé. Les chercheurs Christophe Lavelle et Romain Garrouste sont intervenus dans les classes pour faire prendre conscience de la richesse des milieux d’eau douce sur un plan scientifique mais aussi culturel. Les éco-délégués ont été particulièrement investis dans le projet et ont partagé avec les autres élèves par le biais d’exposés, de reportages et d’affichages les points forts de ces rencontres. Certains élèves se sont même spécialement formés avec leur professeur d’EPS à l’aviron pour accueillir Christophe sur l’eau à son passage ! D’autres ont pu effectuer des prélèvements d’eau dans le cadre du programme de sciences participatives sur les perturbateurs endocriniens et l’ADN environnemental. Enfin, la participation au projet pédagogique a permis au collège Ferdinand Bac de Compiègne d’obtenir le label E3D (École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable) mis en place par le ministère chargé de l’éducation nationale pour reconnaître et encourager les établissements scolaires qui s’engagent dans une démarche globale de développement durable. Face au succès et aux retombées positives du projet pédagogique, une réflexion est en cours pour le poursuivre durant l’année scolaire 2023-2024.

LES CHIFFRES CLÉS DE L’EXPÉDITION

  • 2023 kilomètres

  • 5 pays traversés

  • 22 cours d’eau

  • 49 jours de rame

  • 7 heures de rame par jour, 10h sur l’eau

  • 86 prélèvements d’eau pour les scientifiques

  • 490 heures de film et d’observations

  • 6 étapes pédagogiques avec les écoles partenaires

  • 350 élèves sensibilisés aux problématiques de l’eau et de la pollution

  • 7 webinaires avec les chercheurs et photographes de l’expédition

Photos : 

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