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Championnats du monde : l'argent pour Nathalie Benoit, et un nouveau quota olympique

Les mondiaux d'aviron se sont achevés aujourd'hui à Belgrade. La Marseillaise n'a pas retenti, mais une Marseillaise a débarqué au ponton d'honneur pour recevoir l'argent ! Sans oublier qu'en fin de matinée, la France décrochait un nouveau quota olympique.

Dernier jour de compétition, dernier jour de finales à Belgrade avec encore de nombreux enjeux : les médailles bien sûr, mais aussi les derniers quotas olympiques et paralympiques pour les Jeux de Paris 2024. Des enjeux qui concernaient également les Bleus, avec de la réussite dans deux disciplines aujourd'hui.

"Je n'étais pas toute seule dans le bateau"

Nathalie Benoit a fait trembler le clan français. Elle l'admet elle-même, au vu de son départ, la médaille, elle n'y croyait presque plus. La Norvégienne Birgit Skarstein a pris les commandes de cette finale A du skiff féminin PR1, avec dans son sillage l'Israélienne Moran Samuel et l'Ukrainienne Anna Sheremet. Mais la tricolore n'allait pas s'avouer vaincue si facilement. Elle a tenu le train d'enfer imposé par ses adversaires et a entamé sa remontée, faisant craquer celles qui un temps l'ont précédée et a repris la deuxième place dans le dernier 500, décrochant l'argent mondial. "Après un kilomètre, j'ai ressassé, sourit la Marseillaise, me disant mais pourquoi t'as fait ça ? Les 1000 premiers mètres sont passés plus rapidement que d'habitude, je n'ai donc pas fait une si mauvaise course que ça malgré le départ chaotique". L'écart avec sa rivale scandinave se resserre. "De voir que j'étais plus près, ça donne des ailes. Je savais que tout le monde était là, ou derrière l'écran. Les coachs m'ont portée, ils ont crié tout le long, je n'étais pas toute seule dans le bateau, c'est ce qui m'a sauvée aujourd'hui. Voir qu'on se rapproche avec Birgit Skarstein, c'est motivant, mais je suis toujours sur la réserve. En un an on sait qu'elle peut faire des bonds, on va essayer de faire les mêmes bonds qu'elle, ça va être dur mais on va s'accrocher. Mais on sent toute cette positivité ; ça transmet beaucoup de choses. Le skiff, c'est particulier parce qu'on est toute seule, mais en fait pas réellement, je m'en suis rendue compte sur cette course". Nathalie Benoit, comme à son habitude, affichait un large sourire communicatif, à nouveau auréolé d'argent !

On savait que le plateau du deux de couple féminin serait relevé, et il le fut. Margaux Bailleul et Emma Lunatti affrontaient en finale A l'élite mondiale de la discipline : les Roumaines détentrices de l'or olympique à Tokyo, mais aussi des titres mondiaux et européens, les Irlandaises médaillées de bronze à Racice, les Américaines et Lituaniennes finalistes mondiales et olympiques… La tâche n'allait donc pas être facile. Les rameuses tricolores ont réalisé un bon départ, bien meilleur comme elles le confirment que celui de la demi-finale, leur permettant de jouer à jeu égal en début de parcours, avant de décrocher et de passer la ligne d'arrivée en sixième position. "La frustration est là, commente Emma Lunatti, puisqu'on est des compétitrices et qu'on veut avoir la boule avant tout le monde, Après on est assez lucides. On a rempli le plus gros objectif, avoir le ticket pour Paris. On va avoir trois semaines pour bien couper, profiter, se ressourcer et tous les coups de pelles, ce sera pour bosser notre deuxième 1000, et arriver à Paris avec les dents longues et beaucoup d'armes pour pouvoir répondre". Une finale où les deux rameuses ont tout de même pu se lâcher. "Il fallait tenter le tout pour le tout, ajoute Margaux Bailleul, on est capable de partir fort, on a accentué ce point-là. C'était une finale, il fallait tout faire pour mettre la boule devant".

Valentin Onfroy et Hugo Boucheron étaient attendus dans cette finale B du deux de couple masculin. Et pour cause : seuls les cinq premiers bateaux allaient décrocher leur ticket pour Paris 2024. Un seul concurrent à sortir mais comme le soulignait Valentin Onfroy : "il y aura six bateaux pour cinq places, et tout le monde voudra être dans les cinq". Et ce fut bien le cas : une véritable guerre s'est déclenchée sur les eaux du lac Sava dès les premiers coups de pelles. Les Français sont partis très fort, ne ménageant pas leurs coups, avec des bord-à-bord en veux-tu en voilà sur les 2000 mètres du parcours. Et le contrat fut rempli sur la ligne d'arrivée : une quatrième place qui met dans la poche de l'équipe de France un nouveau quota olympique. "On a essayé de chercher la qualif', explique Hugo Boucheron. Mais rien qu’en faisant ça, tu fais la course à fond". C'est clair que personne n'allait pardonner la moindre erreur. "On a essayé d’être acteurs et agressifs dès le départ, pour partir dans de bonnes conditions sur notre longueur, chercher l’efficience, le déplacement par coup". Contrat rempli pour le duo tricolore. "C'est toujours une fierté de participer à des championnats du monde, poursuit le Verdunois, de faire des grosses courses. Les quotas, c'est dans la tête de tout le monde. En décrocher un, on se dit qu'on a le niveau d'Olympiens. Un quota, ce n'est pas forcément la place aux Jeux. Le contrat de l'année, c'était de décrocher ce quota et de faire les meilleures courses possibles ici". Leur entraîneur le confirme : "on savait d'expérience à Linz que ce genre de courses est assez terrible, on l'a vu hier pour d'autres équipages. On s'attendait à une course âpre, ils ont pu exploiter l'un et l'autre leurs qualités".

Marie Jacquet courait ce matin en finale D du skiff féminin. Elle y affrontait plusieurs rameuses qu'elle avait pu croiser à Lucerne, dont certaines avaient la finale B. La skiffeuse française est très bien partie, s'emparant de la tête de course dans le deuxième 500 et l'a conservée jusque sur la ligne d'arrivée, remportant la course devant l'Italienne et la Tchèque. Elle se classe ainsi au 19e rang mondial.

La finale de classement suivante, celle du skiff masculin PR1, offrait encore un quota pour les Jeux paralympiques de Paris. Face à Alexis Sanchez, quelques sérieux concurrents comme le skiffeur brésilien Rene Campos Pereira et l'Ouzbèque Egamberdiev Kholmurod, tous deux présents en finale A de l'étape italienne de coupe du monde. Le Français a mené la course pendant un peu plus de 500 mètres, avant de céder son avance au skiffeur ouzbèque puis à l'Espagnol, terminant à la troisième position, soit au neuvième rang mondial.

Le directeur technique national, Sébastien Vieilledent, est revenu sur ces championnats du monde. "Ce n'est pas le bilan qu'on attendait. Côté olympique, on était venus là pour aller chercher deux médailles, trois bateaux en finales et cinq bateaux qualifiés ; on n'a pas de médaille, on a deux bateaux en finales et trois coques qualifiées. Est-ce un bon championnat du monde ? Non, on n'atteint pas nos objectifs. Le pourquoi, on ne peut pas y répondre de manière globale, car dans ces résultats, on se retrouve avec des cas spécifiques. Déjà des réussites, car il n'y a pas eu que des contreperformances, avec des bateaux à l'heure sur la feuille de route comme le quatre sans batteur, le deux de couple féminin, avec le deux de couple masculin qui était venu chercher une qualification ici. Pour les deux premiers, il ne fallait pas leur demander cette année d'aller chercher plus que les résultats prévus sur la feuille de route jusqu'à Paris. On a vu pendant une semaine des courses engagées, d'une densité et d'un niveau hallucinants. Loin de moi de penser demander à ces bateaux en construction de palier à la non-réussite de nos bateaux phares. Pour le reste, on n'est pas à nos objectifs ; il y a des explications très claires. Maintenant, on n'est pas déçus, on est concentrés, nos objectifs pour Paris sont toujours atteignables. Il y a des explications très claires qu'on est en train d'analyser sur les bateaux qui ne sont pas à l'heure. Pas de catastrophisme, mais de l'objectivité à avoir, ne pas se mentir et de manière simple et factuelle, on va faire remonter les manques et les erreurs commises, les points gérés, peut-être mal. On a ce potentiel de trois médailles à Paris, mais on n'a pas de marge. Mais quand on un double TC en difficulté de par la situation de Matthieu Androdias, quand on a un double poids léger hommes qui gagne à Lucerne devant les champions olympiques en titre, devant les champions du monde ici et qu'on ne les a pas en pleine possession de leurs moyens, que le deux de couple femmes PL ne démarre pas la compétition sur de bonnes bases… on est donc dans la difficulté tout de suite. Aller au combat sans toutes ses armes, c'est frustrant. Le bateau France a chahuté pendant la semaine, mais tout l'équipage s'est rapproché et a regardé ses responsabilités en face".

Le DTN est également revenu sur les performances du groupe paralympique. "On est pratiquement à l'objectif. On était venus chercher trois médailles, on en a deux. On était venus chercher cinq bateaux qualifiés sur cinq épreuves, on en a trois. Il y a des axes de travail très clairs sur le quatre barré PR3. Le double PR2 fait une belle finale B. Nathalie Benoit m'a impressionné en finale aujourd'hui, après un démarrage difficile elle est restée mobilisée, elle n'a jamais été aussi proche de la Norvégienne, le staff technique a travaillé autour d'elle. Le double PR3, sa médaille vaut de l'or cette année avec toutes les circonstances qu'il a fallu gérer, le bateau australien est très solide mais on a une belle marge de progression. On est en place, mais on note très clairement qu'on a eu des opportunités l'an passé. Il faut rester concentrés car rien n'est acquis".

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