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Benoit Demey met un terme à sa carrière internationale

Après une année en retrait des bassins d'aviron pour se consacrer à son diplôme de kinésithérapeute, Benoît Demey est revenu en 2023 pour tenter de décrocher sa place dans le groupe olympique et dans le quatre sans barreur. Revenu au meilleur de sa forme sur cette année, les résultats en bateau n'ont malheureusement pas été à la hauteur de ses espérances. Il a finalement décidé de raccrocher les pelles, ou plutôt d'en finir avec l'équipe de France.

Nous avons pu poser quelques questions au rameur annécien : 

Comment as-tu découvert l’aviron ?

J’ai découvert l’aviron grâce à l’école, j’étais en CM2 nous faisions des activités nautiques. La voile ne m’intéressait pas trop, le kayak non plus. L’aviron était un sport assez complet j'ai tout de suite accroché. Je me suis donc inscrit aux activités avec la ville d’Annecy. J’ai pris une licence au club par la suite. J’ai débuté l’aviron en 2005 au club du Cercle Nautique d’Annecy. Je suis toujours resté fidèle à ce club qui m’a beaucoup apporté toutes ces années. J’ai vu plusieurs générations de rameurs et rameuses passer au club. En tandem avec Frédéric Laydevant, l’indémodable que je remercie vivement pour tout car sans lui, je n’aurais pas eu cette carrière, je le remercie pour sa persévérance, sa motivation et son travail qui m’ont permis d’accéder au haut niveau.

Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Je dirais le huit à Chung-ju en Corée du Sud 2013, une belle aventure humaine. Nous avons été finalistes avec Matthieu Androdias, Benjamin Lang, Benoît Brunet pour ne citer qu’eux. J’étais le petit jeune du bateau, c’est quelque chose qui m’a marqué du fer-blanc. Ensuite, je dirais la médaille de bronze en quatre sans barreur aux championnats d’Europe à Glasgow en 2018. Un bel aboutissement ! Je pense également aux titres de champion de France et en particulier celui de 2012 en huit à Mantes-la-Jolie. Une belle aventure avec le club dont je me rappellerai longtemps !

Ta plus grande déception ?

Ma plus grande déception restera indéniablement les championnats du monde à Linz en 2019 qui étaient qualificatifs pour les Jeux olympiques de Tokyo. On a vécu une véritable injustice en finale B. Nous étions parmi les favoris de la finale, mais les conditions météorologiques inéquitables au possible ont rendu cette course totalement déséquilibrée. Les bateaux des lignes d’eau abritées du vent se sont qualifiés et les autres n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer. Les courses de la journée ont été stoppées juste après la nôtre (pour cause d’inéquité). Notre course n’a jamais recouru. C’était un moment terrible pour nous, je n’ai jamais autant pleuré. L’aviron est un sport d’extérieur, il y aura toujours une part d’incertitude. On dépend des conditions météorologiques, il y a beau avoir des commissions d’équité, cela reste assez aléatoire tout de même. Il y a une part de chance, lorsque l’on dit « bonne chance » en aviron, cela prend son sens aussi je trouve. La plupart du temps le meilleur gagne, mais ce n’est pas tout le temps le cas.

Si tu pouvais revenir en arrière, qu’est-ce que tu aimerais refaire ou améliorer ?

J’aimerais recourir la course de 2019 ! Nous ne nous serions peut-être pas qualifiés, mais au moins cela aurait été réglementaire. Nous aurions pu défendre nos chances. C’est à peu près ma seule grande déception.
Sinon ce que je pourrais changer si je pouvais retourner en arrière, je dirais faire moins de C2. Lorsque l’on voit ce qui est proposé aujourd’hui, je me dis que l’on est passé peut-être à côté de certaines choses en s’obstinant à faire 4 tours de C2 en étant complétement en hypoglycémie, en « bouffant du muscle », alors que ce que l’on cherche c’est en avoir plus. C’est important les C2, mais il ne faut pas abuser des bonnes choses on va dire !

Quelles sont tes plus belles rencontres pendant ces années ?

Je ne pourrai pas toutes les citer, il y a des bonnes personnes, des moins bonnes. J’ai des personnes avec qui j’ai beaucoup d’affinité. Mes coéquipiers de deux sans barreur Edouard Jonville, Benoît Brunet,  ont été de belles rencontres, même si ça n’a pas toujours été simple. J'ai eu la chance d'être proche de véritables forces de la nature, je pense tout particulièrement à Jérémie Azou et Matthieu Androdias (entre autres). Ce sport m’a permis de rencontrer ma copine, c’est une belle chose aussi. Elle ne fait pas partie du monde de l’aviron mais je l’ai rencontrée sur Nancy quand je suis arrivé pour préparer le projet olympique du quatre sans barreur. Sur le coup on ne s’en rend pas compte mais c’est quand même chouette. Je ne vais pas citer toutes les personnes que j’ai rencontrées, des belles personnes et d’autres un peu moins.

Quels sont tes prochains objectifs aux niveaux professionnel et sportif ?

L’objectif sur le plan sportif c’est de me faire plaisir dans la pratique. Si jamais les conditions météorologiques ne sont pas bonnes, si je n’ai pas envie, je n’irai pas à l’entraînement ou je ferai autre chose. J’ai désormais cette liberté que les sportifs de haut niveau n’ont pas forcément. Je vais me faire plaisir en vélo, je m’y retrouve vraiment dans ce sport. Je continuerai à faire quelques courses avec le club c’est sûr dans un avenir proche. Je ferai beaucoup moins de kilomètres, je pense en avoir fait assez pendant ma carrière ! Je ne sais pas combien fait le tour de la terre mais je pense l’avoir fait plusieurs fois.
Du côté professionnel, c’est en train de se concrétiser. Je suis kinésithérapeute de réanimation titulaire désormais. J’ai pour projet de mener à bien un groupe de travail sur la formation autour de l’ergomètre (rameur) pour les kinésithérapeutes. L’objectif est de leur proposer d'utiliser le rameur dans leur cabinet ou de s’équiper de ce produit pour le suggérer à leurs patients. Il est très utile pour de nombreuses pathologies, à des fins thérapeutiques. Faire le lien entre kinésithérapie et ergomètre c’est vraiment mon objectif en passant par des formations, ou d’autres formats, nous verrons prochainement.

Quand on est sportif de haut niveau, on est dans la perfection, on a un objectif bien précis en tête, c’est un peu dur de se détacher de cela désormais. Cette dernière saison a été compliquée, il y a un peu de déception. Elle n’a pas été à la hauteur que je l’espérais en tout cas, la blessure de mon coéquipier lors des sélections natioanles m'a bien impacté sportivement. 
Mais bon je n’ai pas d’amertume. A 31 ans, on aspire à d’autres choses que « courir après le bifteck », la raison m’a poussé à me dire que c’était le bon moment pour arrêter. Je pense avoir repoussé les limites de l’obstination assez loin. Le jeu en valait la chandelle avant mais plus maintenant. Je remercie en tout cas tous ceux que j’ai pu avoir sur mon chemin, ceux qui m’ont accompagné pendant toutes ces années. Une mention spéciale à Fred, mon coach de toujours !

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