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Le Dr. Alain Lacoste récompensé par World Rowing avec la "Distinguished Service to International Rowing"

Le prestigieux "Distinguished Service to International Rowing" remis par World Rowing pour l’année 2024 a été décerné au Dr Alain Lacoste, originaire de Saint-Étienne-de-Cuines, en France. Ancien barreur et participant aux Jeux Olympiques de Munich en 1972, le Dr Lacoste s'est illustré par une carrière d'exception dédiée au sport et à la médecine.

Alain Lacoste a grandi à Paris, où il a suivi des études en médecine à l’Université de Paris, se spécialisant en biologie et en médecine du sport. Son parcours en tant que barreur, associé à son expertise médicale, l’a conduit à jouer un rôle central dans la promotion de l'intégrité sportive, en particulier dans la lutte contre le dopage dans le milieu de l’aviron.

Une carrière dédiée à la lutte antidopage

Après avoir créé la Commission Médicale de la FFSA en 1976, commission qu’il dirigera jusqu’en 2004, Alain Lacoste rejoint la Commission de Médecine du Sport de la Fédération Internationale des Sociétés d’Aviron (FISA) en 1991. Neuf ans plus tard, en 2000, il est élu président de la commission, un poste qu’il a occupé pendant 16 ans jusqu’à sa retraite en 2016. Cette période correspond à un tournant majeur dans la lutte contre le dopage, et Alain Lacoste a su répondre aux enjeux croissants liés à cette problématique.

Sous sa direction, World Rowing (anciennement la FISA) a mis en œuvre des initiatives novatrices pour assurer un environnement sportif sain et équitable. En 2001, à l'occasion des Championnats du Monde d’Aviron, il a introduit les premiers tests sanguins généralisés avant la compétition, marquant ainsi un tournant dans le contrôle antidopage. Les tests hors compétition et avant compétition sont devenus la norme, et le Dr Lacoste a été au cœur de leur planification et de leur mise en œuvre sur de nombreux événements internationaux.

Une politique « Zéro Aiguille » adoptée mondialement

Alain Lacoste ne s’est pas arrêté aux tests sanguins ; il a également été un fervent promoteur de la politique « Zéro Aiguille » dans les événements de la FISA. Cette règle exigeait des médecins d’équipe qu'ils obtiennent une autorisation préalable avant d’utiliser des seringues pour tout traitement médical, une mesure qui visait à lutter contre certaines dérives médicales et prévenir toute suspicion d’utilisation de substances interdites. Ce protocole pionnier a été salué et adopté par de nombreuses autres fédérations sportives, témoignant de son impact et de son importance dans la préservation de la transparence médicale en compétition.

Un héritage durable pour l’aviron et le sport international

Aujourd'hui, le Dr Alain Lacoste est célébré pour ses contributions exceptionnelles et son engagement inébranlable à protéger l'intégrité de l'aviron. Le Prix du Service Distingué au Sport de l'Aviron International 2024 (Distinguished Service to International Rowing) vient récompenser un parcours exemplaire et souligne l'impact durable de ses actions, qui continuent d’inspirer les fédérations et les athlètes à travers le monde.

World Rowing rend hommage à un homme qui, bien que souvent dans l’ombre, a fait progresser de manière significative les valeurs de transparence et de justice dans le sport.

Entretien avec le Dr Alain Lacoste

  • Comment avez-vous réagi en apprenant que vous aviez reçu le Prix du Service Distingué au Sport de l'Aviron International 2024 (Distinguished Service to International Rowing)

Immense surprise et très grand honneur de recevoir cette récompense qui est, avec la médaille Thomas KELLER honorant un rameur pour l’ensemble de sa carrière, la plus haute récompense de la FISA. Le fait que cette distinction ait été décernée à un médecin me touche énormément.

  • Que représente pour vous cette reconnaissance de la part de World Rowing après tant d'années de service ?

Enormément de choses et en particulier pour ceux qui m’ont accompagné et soutenu tout au long de ma carrière, lors de combats parfois difficiles comme certaines prises de parole ont pu en attester : Ma famille / Mon club formateur, la SN Marne et Daniel FORGET, car si on a la chance d’être olympien, on ne doit jamais oublier d’où on vient / Celui qui m’a fait confiance au plus haut niveau mondial, Denis OSWALD, Président de la FISA et membre du CIO … et celui qui lui a succédé, Jean-Christophe ROLLAND que je n’ai pas besoin de présenter ici. Les valeurs qui nous unissent tous les trois et notre amitié sont indéfectibles.

Sans leur soutien politique constant et l’appui du Conseil qui m’a toujours suivi, rien n’aurait été possible / Mes collègues de la Commission Médicale de la FISA qui m’auront accompagné tout au long de ces 16 années. Venant des 5 continents, Professeurs d’Université et/ou Olympiens, couvrant bon nombre de domaines de la médecine, ils m’ont toujours soutenu et aidé. Cette médaille récompense un travail collectif pour la protection de la santé des rameurs du monde entier / Ceux qui m’ont aidé à mettre en place des mesures importantes en matière de lutte antidopage, Michel AUDRAN Professeur de Pharmacie à la faculté de Montpellier, spécialiste de renommée mondiale sur l’EPO et Martial SAUGY Directeur du laboratoire de Lausanne avec qui on a mis en place les prélèvements sanguins en compétition, le passeport hématologique et l’utilisation de l’ADN dans la lutte antidopage.

  • Qu’est-ce qui vous a motivé à consacrer une si grande partie de votre vie à la lutte contre le dopage ?

Il m’est très vite apparu qui si on veut être performant au niveau mondial on doit d'un bénéficier d’un suivi médical régulier qui vous permet de minimiser le risque d’incidents de dernière minute comme cela avait été le cas en 1972 et lutter à armes égales. Par ailleurs, en 1990, un de nos jeunes rameurs "espoir" avait été accusé de dopage à la testostérone sur la base d’un rapport testostérone /épitestostérone supérieur aux normes édictées par le CIO sans qu’aucune étude de validation de ce rapport n’ait été publiée (rappelons qu’à l’époque, nous ne disposions pas des moyens technologiques d’aujourd’hui, nous permettant de différencier facilement la testostérone exogène de la testostérone endogène). Devant la bonne foi de l’intéressé, nous déciderons de l’hospitaliser quelques jours en service d’endocrinologie avec l’aide des Professeurs GAUTIER et GUEZENNEC. A l’issue des nombreux bilans effectués, il faudra se rendre à l’évidence, on était face à un faux positif. Ne supportant pas l’injustice, j’ai décidé d’aller au fond des choses pour faire évoluer la réglementation… tout comme je le ferai quelques années plus tard avec le meldonium.

  • Quels sont, selon vous, les prochains défis à relever dans la lutte contre le dopage ?

La lutte antidopage a considérablement évolué ces dernières années, en particulier en raison de l’évolution des moyens techniques mis à notre disposition et en particulier la sensibilité des analyseurs, de l’utilisation des passeports biologiques, du recours à des techniques de médecine médico-légale comme l’utilisation de l’ADN. De la possibilité de pouvoir réanalyser les échantillons des athlètes avec 10 ans de recul. et des investigations policières.

Les prochains challenges à relever seront ceux des moyens… car si la lutte antidopage n’a pas de prix, elle a un coût et, en période de difficultés financières, il pourrait être tentant de réduire ce poste de dépense. C’est pourquoi, j’ai toujours défendu l’idée de faire payer les tricheurs et de la lutte contre le dopage génétique.

  • En regardant en arrière, y a-t-il quelque chose que vous auriez souhaité faire différemment dans votre parcours ?

"L’eau ne revient jamais à la source" dit un proverbe chinois. On peut toujours avoir des regrets mais je pense avoir eu la chance de pouvoir aborder bon nombre de sujets médicaux avec le Conseil de la FISA toujours prêt à me suivre, non seulement sur la lutte antidopage, mais aussi sur la protection de la santé de nos athlètes, la formation des médecins d’équipes, les problèmes posés par la détermination du genre…J’aurai également pu m’exprimer au sein du groupe médical de l’ASOIF au nom de l’ensemble des fédérations olympiques et au bureau de la FIMS… ce que le jeune étudiant que j’étais n’aurait jamais imaginé.

 

 

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